Témoignage Auchan Retail : « Embarquer l’ensemble de nos fournisseurs était l’un des plus gros challenges ! »

Depuis 2 ans, notre équipe est fière d’accompagner Auchan Retail dans son programme Partners for Decarbonation. Coraline Barré, CSE Leader chez Auchan Retail, a accepté de nous raconter en détails et en toute transparence le déroulé de ce projet ambitieux : challenges, difficultés rencontrées, avancées concrètes observées, facteurs clés de succès… Un entretien riche en enseignements pour les Directions Achats et RSE !

Partners for Decarbonation est un programme qui concerne 12 pays, des centaines d’acheteurs formés, et des milliers de fournisseurs engagés. L’objectif : engager les fournisseurs dans la décarbonation pour réduire de 25 % l’empreinte carbone des produits commercialisés (par rapport à 2020).

Dans le cadre de ce programme, nous avons agi avec les équipes Auchan sur deux leviers :

  1. Engagement et accompagnement des fournisseurs prioritaires du Groupe.
  2. Développement des compétences et outils pour les Directions Produits

Merci à Coraline pour notre échange, et bonne lecture !

Avant la mission

Bonjour Coraline, pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Je suis actuellement CSR Leader chez Auchan Retail, où j’anime le comité stratégique RSE international et coordonne les synergies RSE au niveau du groupe. Avant cela j’ai débuté ma carrière dans l’investissement socialement responsable et travaillé dans le conseil en bilan carbone !

Quels étaient le contexte sur le sujet décarbonation chez Auchan avant le lancement du programme Partners for Decarbonation ?

En 2023, nous venions de définir des objectifs de décarbonation, notamment sur le scope 3. Pour cela, nous avions organisé des ateliers qui rassemblaient des personnes de tous les métiers et de tous les pays d’Auchan à l’international.

Nous avons écouté les « sachants » au sein du groupe pour identifier nos leviers de décarbonation, ce qui nous a permis de définir des objectifs de -25 % d’émission de gaz à effet de serre sur le scope 3.

Cette écoute a été très importante car plutôt que de fixer arbitrairement un objectif de neutralité carbone – comme ont pu le faire d’autres entreprises – nous avons pris en compte le retour de nos équipes.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?

La principale difficulté quand nous avons lancé le programme était que nos équipes étaient peu matures sur le sujet, ce qui était normal vu que nous démarrions. C’était un challenge de leur faire comprendre comment décarboner, quel était l’intérêt pour eux de décarboner dans leur métier, pourquoi nous le faisions…

La compréhension du sens était l’un des vrais freins, pour tous les métiers liés au produit. Sur les métiers liés au magasin, comme nous parlions depuis très longtemps d’énergie et de transition énergétique, les sujets étaient moins nouveaux. Donc c’était plus facile d’embarquer les équipes !

L’un des principaux freins était aussi lié aussi au secteur du retail, au sein duquel sont vendus toutes les typologies de produits, alimentaires et non alimentaires. Le tout avec des acheteurs répartis dans de nombreuses organisations très différentes, avec une gouvernance des achats, de la qualité et de l’offre très complexe, et des outils très disparates. La RSE était finalement assez lointaine pour ces équipes-là, d’où la complexité pour embarquer les équipes.

Quels objectifs aviez-vous en tête lorsque vous avez décidé de faire appel à By.O ?

Au départ nous avions choisi une autre entreprise pour nous accompagner sur le scope 3. Mais au fil des discussions, nous nous sommes rendu compte que nous avions besoin d’une vraie connaissance et d’une vraie expertise du métier des achats. Parce que nous avons affaire à une population et une catégorie de métiers très spécifique !

Nous ne pouvions pas aborder le sujet de manière générale, en comptant sur le fait que les équipes allaient se l’approprier naturellement. Non, il fallait leur « prendre la main » et les accompagner avec des experts qui connaissent déjà les processus et le métier achat, et qui puissent y intégrer la dimension carbone. D’où le fait que nous avons fait appel à By.O pour notre besoin.

Décarbonation retail témoignage Coraline Barré Auchan

Pendant la mission

Quels ont été les challenges rencontrés au cours du projet ? 

Même si By.O connaissait bien mieux le métier des achats, cela restait quand même un défi d’intégrer concrètement le sujet carbone au sein du processus achat. La mission en elle-même était un vrai challenge !

Il y a aussi eu de la confrontation, du « push back » dans certains pays et certaines équipes, ce qui est naturel dans ce type de projet de transformation. Et enfin le challenge lié à une gouvernance, du produit d’une part, et des métiers liés aux produits d’autre part, qui était très complexe et qui ne facilitait pas l’intervention.

L’une des difficultés que nous avons également rencontrées est le fait que dans le retail nous avons des métiers très différents : nous achetons des marques nationales, des produits pour nos marques Auchan, les métiers de bouche ont des processus achats différents… Donc même au sein des achats, ce sont des centaines de personnes qui ont des processus et des enjeux très différents !

En quoi la collaboration avec By.O a-t-elle facilité l’engagement de vos équipes sur la décarbonation ?

Ce qui a compté c’est avant tout la connaissance du métier : ce sont des acheteurs qui s’adressaient à des acheteurs. L’expertise a facilité l’engagement, car elle a permis d’avoir une légitimité face aux équipes !

Il y a aussi eu une bonne entente sur les objectifs de la mission, sur nos difficultés et nos freins. Cela a permis de rendre le programme adaptable et adapté au contexte Auchan, avec une bonne réactivité face à notre gouvernance complexe et aux différents niveaux de maturité par pays. C’était une approche assez personnalisée, contrairement à d’autres cabinets qui ont une approche donnée que tout le monde doit adopter. Nous avons senti que By.O s’était vraiment adapté à chaque contexte au sein du groupe.

Enfin, ce qui a compté c’est la proximité et la relation avec les équipes, en allant sur le terrain, dans chacune des filiales, en écoutant les besoins, et en personnalisant les formations avec des use cases Auchan. Cela a favorisé une meilleure compréhension de la part des différentes personnes formées. Selon moi, cela a clairement facilité l’engagement pour le programme.

Après la mission

Quelles avancées concrètes avez-vous observées depuis le démarrage de la mission ?

Nous observons aujourd’hui des gens qui connaissent mieux le sujet. Rien n’est parfait, il faut faire, refaire et répéter régulièrement. Mais nous arrivons sur notre troisième vague de questionnaire en fin d’année, et les équipes sont au courant de ce qu’elles doivent faire. Elles ont moins de questions qu’au début, elles sont bien embarquées !

Nous avons aussi désormais des outils, des fiches de leviers d’action, qui sont rentrés dans les processus internes de l’entreprise. Nous sommes donc plus avancés qu’avant !

Vous avez donc constitué un collectif d’ambassadeurs de la décarbonation au sein du groupe Auchan ?

Plutôt des ambassadeurs du programme d’engagement fournisseur, parce que la décarbonation est un sujet encore plus large, qui touche encore plus d’équipes. Mais oui, concrètement nous avons une communauté de formateurs en interne.

Une formation « Train the Trainer » a été menée, qui a permis de constituer un groupe de collaborateurs qui ont désormais la capacité de former les nouveaux collaborateurs ou de faire des séances de rattrapage ou de répétitions sur ces sujets-là. Cela représente une vingtaine de personnes multi-pays.

Comment la mission de By.O a-t-elle contribué à votre stratégie de décarbonation ?

Cette mission était clé car 96 % de notre empreinte carbone est liée au produit, et 60 % à l’alimentaire. Donc si nous ne traitions pas massivement les achats, nous rations complètement notre cible de décarbonation !

Ce qui est génial c’est que ce programme d’engagement concerne l’ensemble des métiers liés au produit (achats, offre, merchandising, qualité, RSE…) ainsi que l’ensemble des fournisseurs (pas juste un groupe de 15 grandes marques nationales). C’est vraiment multi-pays, multi-catégories, de la multinationale à la PME en passant par l’agriculteur… Tout le monde est embarqué ! 

En France, d’autres acteurs ont plutôt fait le choix d’embarquer les locomotives, ce qui n’est pas le choix d’Auchan qui a voulu vraiment faire monter en compétences tout le monde et embarquer de façon systémique l’ensemble de l’écosystème.

Sur le marché polonais par exemple, personne n’a mis en place ce type de démarche de décarbonation dans le retail, donc cela donne une avance à Auchan. Cela a été rendu possible par cette intervention très large. Nous avons formé au moins 300 acheteurs, tous domaines tous marchés confondus, parce que l’idée était de ne pas laisser de côté certains fournisseurs.

C’était l’un des plus gros challenges, que nous avons pu relever grâce à l’expertise achat de By.O, l’introduction du sujet carbone au sein des processus achat, ainsi qu’une intervention assez massive auprès des équipes et des fournisseurs. C’est le facteur clé de succès de ce programme selon moi !

Vous disiez qu’en interne il y a moins de questionnements désormais. Mais en externe, la mise en place est-elle plus compliquée côté fournisseurs ?

Ce que nous constatons, c’est que les trois quarts des fournisseurs que nous interrogeons n’ont pas fait de bilan carbone. Pour ces 75 %, nous n’allons pas les réinterroger : nous allons leur demander de faire un bilan carbone. Nous faisons donc monter petit à petit l’ambition, car dans le cadre du programme, nous avons inscrit des critères carbone dans les contrats avec nos fournisseurs.

Pour les plus matures, nous allons aussi monter des partenariats pour avancer avec eux sur ces sujets. Enfin, pour ceux qui sont entre les deux – ni complètement immatures, ni suffisamment matures – l’idée est de faire en sorte qu’après trois vagues (en fin d’année) nous puissions les aider et leur proposer de l’expertise, que cela soit sur le sujet de l’énergie ou sur celui de l’agriculture. Il faut que nous inventions des moyens de les pousser dans cette démarche, que nous les aidions à grandir, car nous sommes dans une logique partenariale.

Y a-t-il des coalitions qui se forment autour de cet enjeu de décarbonation au sein du secteur de la distribution, ou une volonté de se regrouper faciliter un engagement de masse des fournisseurs ?

Les discussions ont plutôt lieu entre entreprises matures sur le sujet, pour monter des projets de décarbonation communs. Au niveau du secteur, c’est plutôt la mise en commun de questionnaire qui est discutée, pour faire en sorte qu’ils soient tous faits de la même manière et que le fournisseur n’ait pas à répondre à dix questionnaires pour dix retailers. Il y a des discussions en France et en Espagne, c’est donc en cours.

Les fournisseurs vont aussi avoir la question du reporting extra financier pour les ETI. Donc tous les échanges d’informations doivent être facilités pour tout le monde, pour les fournisseurs mais aussi pour les retailers.

Décarbonation Auchan Retail : le mot de la fin

Merci Coraline pour cet entretien… Un dernier mot à nous partager ?

J’ai envie de dire ma fierté de ce programme Partners for Decarbonation. Je pense qu’il est vraiment ambitieux et rondement mené. Il n’est pas parfait partout, mais on ajuste !

J’espère surtout qu’il permettra de décarboner efficacement. Je ne sais pas si cela sera suffisant pour répondre à nos engagements climatiques, mais ce programme va vraiment dans la bonne direction, parce qu’il est large et ambitieux. Donc je suis très fière de ce programme que nous avons mené ensemble !

Vous souhaitez accélérer ? Nous vous accompagnons !

Les Directions Achats ont un rôle clé à jouer pour mener la décarbonation des entreprises.

Notre expert décarbonation Alexandre Sépéroumal est à vos côtés pour sécuriser l’atteinte de vos objectifs et garantir des résultats rapides.